La team Frühstück a profité de son court passage au NL Contest 2014 pour rencontrer Matthias Dandois, triple champion du monde de BMX flat.

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Originaire de la région parisienne, Matthias découvre le BMX à l’adolescence, en regardant la télé. Évidemment, il demande à ses parents un BMX pour Noël. Après quelques tours de roues, il découvre le flat. Et là, coup de cœur : il ne va plus jamais lâcher le guidon ! Véritable passionné, débordant de talent, compétiteur dans l’âme, dingue de travail et un poil perfectionniste, Matthias va rapidement gravir les échelons de la discipline et sauter de podium en podium. Grâce à un style unique, mixant habillement flat et street, Matthias est aujourd’hui une référence mondiale du BMX. L’an dernier, la chaine sportive américaine ESPN l’a même classé 20ème personne la plus influente de l’univers des action sports. Et pourtant, Matthias garde les pieds sur terre. Disponible et toujours souriant il a accepté de nous rencontrer pour répondre à quelques questions.

Frühstück : Salut Matthias ! Tu reviens d’un trip à Séoul, suivit d’un crochet par Naples. Avant tout ça t’étais en Afrique du Sud et un mois sur les routes en Californie. Tu t’arrêtes pas de voyager, pas trop fatigué ?

Matthias Dandois : Non ça va, je crois que si j’étais fatigué j’arrêterais de voyager. C’est ce que j’aime, alors tant qu’on me propose de voyager j’y vais !

Frühstück : Tu ride depuis l’âge de 12 ans. A quel moment tu t’es dis: « je veux devenir rider pro » et comment ça s’est concrétisé ?

Matthias Dandois : En fait, je ne me suis jamais dit que je voulais devenir pro. C’est arrivé vraiment tout seul. Vers 16 ans je roulais avec Alex Jumelin depuis deux ans et Adidas m’a proposé un contrat pro. A ce moment là j’étais au lycée, en première. Mais mes parents m’ont dit « Avant que tu fasses quoi que ce soit, il faut que tu aies tu bac ». Alors j’ai continué à aller en cours et à bosser. J’avais un spot dans mon jardin du coup ça a facilité les choses. Je faisais mes devoirs et j’allais m’entrainer juste après. Du coup, j’ai eu mon bac. Après j’ai déménagé à Paris et j’ai pris une année sabbatique pour rouler à fond. A 18 ans j’ai signé un contrat avec Red Bull et ça m’a permis d’en vivre concrètement.

Frühstück : Ça fait quoi de se dire: « je suis payé pour faire du BMX dans le monde entier, j’ai pas besoin d’aller au taff chaque matin » ?

Matthias Dandois : (rires) C’est chanmé ! Après, c’est un boulot comme un autre. Il y a plein de gens qui voient que le bon côté mais il y a pleins de trucs que t’es obligé de faire. Je me plains pas du tout, c’est mortel et je vis mon rêve. Mais faut pas se faire de fausses idées, c’est quand même un taff !

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Frühstück : Jusqu’à présent t’as surtout fait des contest autour du monde. Tu veux continuer dans la compétition ou t’orienter plus vers la video ?

Matthias Dandois : Ouais ! En fait j’ai gagné les premiers championnats du monde en 2007 et je les ais regagnés trois fois après. C’est vrai que je suis moins motivé par la compétition alors je me suis mis à faire un peu de street pour changer. Du coup on me propose de faire des road trips pour filmer en street. Ces deux dernières années je me suis doucement dirigé vers la vidéo et en ce moment je fais pratiquement plus que ça : des vidéos et des photos. C’est ce qui me plait !

Frühstück: Début avril t’es revenu d’un road trip d’un mois en Californie avec la team Sosh, le film sort le 10 juin prochain. Tu aurais une anecdote exclu à nous partager ? Un moment particulièrement fort (ou wtf) ?

Matthias Dandois : Ouais, le trip s’appelait Couchriding. C’était notamment avec Maxime Charveron (présent au NL Contest et vainqueur en BMX Street, ndlr). On a fait le tour de la Californie en camping car. Ils étaient super gros, genre des poids-lourds ! On en avait trois. Un soir on est arrivé dans un camping au milieu de l’Arizona et John Petit, le team manager, a voulu garer les camping cars sur leurs emplacements. Mais il n’avait pas vu qu’il y avait une arrivée d’eau. Il a reculé et on a entendu un bruit… On est descendu du camping car et là, y avait un geyser ! L’arrivée d’eau avait pété. Je crois que j’avais rarement autant rigolé de ma vie (rires)

Du BMX dans la Death Valley ©VincentPerraud© Vincent Perraud

©VincentPerraud  © Vincent Perraud

Frühstück : Pendant les voyages, comment se passe la cohabitation skate-BMX ? Vous n’avez pas forcément les mêmes attentes en termes de spot, vous arrivez à trouver un terrain d’entente ?

Matthias Dandois : Ouais carrément. Là par exemple sur le trip Couchriding, on était deux skaters et deux riders en BMX. Des fois on ridait les mêmes spots mais on se séparait souvent en deux groupes. Parce que nous on peut rider des spots que les skaters ne peuvent pas rider, par exemple au niveau du sol. Et inversement, eux peuvent rider des spots beaucoup plus rad que nous. On roulait des spots différents en journée, mais on se retrouvait le soir.

Frühstück : Tu vas t’orienter de plus en plus vers le street du coup ? Faire des tricks de plus en plus engagés ? J’avais lu dans une interview que t’y allais encore mollo pour éviter les chutes et te préserver pour les contests.

Matthias Dandois : Ben justement, en Corée du Sud j’ai voulu commencer à vraiment balancer, à prendre des rails et faire des sauts sur des sets de marches. Mais forcément, c’est plus exigeant et je me suis fissuré le talon. Mais bon, c’est le risque. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Frühstück : Le BMX est quand même une activité très physique. Tu le prends au sérieux en faisant de la préparation physique et en complétant avec d’autres sports ou tu te contente juste de rouler ?

Matthias Dandois : Je fais de la muscu. Quand tu tombes c’est quand même bien que tes os ne se cassent pas direct mais qu’il y ait un peu de muscles pour amortir. Je vais aussi courir deux, trois fois par semaines. Un peu de natation, et voilà. Mais le BMX en lui-même est un sport hyper complet pour le corps. Il n’y a pas vraiment besoin de faire trop de sport à côté. Tu fais vraiment bosser toutes les parties de ton corps.

©VincentPerraud© Vincent Perraud

Frühstück : Bon… c’est la crise économique alors si t’es d’accord on va parler un peu argent. T’es un des rares privilégiés à vivre du BMX en France. Vous êtes combien dans ce cas là ? Comment ça se passe ?

Matthias Dandois : En France, on doit être quatre à en vivre vraiment, sans bosser à côté : Maxime Charveron, JB Peytavit, Kévin Kalkoff et moi. Y a plusieurs possibilités: t’as des sponsors qui te font un chèque à la fin du mois, sinon tu peux gagner de l’argent en faisant des démos ou en gagnant des compétitions. C’est pas Byzance, mais au moins on peut se dire qu’on vit de notre passion.

Frühstück : La crise a pas mal touché l’industrie de la glisse et plusieurs marques ont dû réduire les effectifs de leurs teams. Comment ça s’est passé dans le BMX ?

Matthias Dandois : C’est la même chose. Les marques de vélo ont du virer des gars de leurs teams et certaines ont dû s’arrêter. Après c’est cool parce qu’il n’y plus que les marques très fortes qui restent. Il y a encore deux ans il y avait trop de marques, trop de concurrence. Là, ça a fait un peu d’épuration et au final il y a que les marques chanmé qui restent. C’est cool !

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Frühstück : T’es particulièrement actif sur les réseaux sociaux. C’est indispensable aujourd’hui pour un pro-rider de maintenir le contact avec le public ?

Matthias Dandois : Ouais je pense. Aujourd’hui avec Facebook, Instagram et Twitter tu peux partager ta vie en direct et tes fans peuvent te suivre. Je trouve ça chanmé ! Quand j’étais gamin, j’aurais trop aimé suivre au quotidien les riders que j’admirais. Aujourd’hui j’ai la chance de pouvoir voyager et de vivre des trucs hors du commun alors j’essaie de le partager et de vendre un peu du rêve aux gens.

Frühstück : En décembre t’as fait ta première expo photo à Paris, en compagnie des photographes Hadrien Picard, Vince Perraud et Dimitri Coste. Ça s’est monté comment ?

Matthias Dandois : Chaque année, Red Bull me donne la possibilité de monter un projet. Pendant mes voyages je fais pas mal de photos alors avec Hadrien, Vince et Dimitri on s’est dit qu’on avait pleins de belles photos non publiées et qu’on pouvait faire une expo en mixant mes photos et les leurs. J’ai proposé à Red Bull et du coup on a pu faire une expo d’un mois dans une galerie, avec un beau vernissage. Ça s’appelait Red Bull Through my Eyes.

Frühstück : Du coup, la photo est une possible reconversion quand tu seras trop vieux, ou trop cassé, pour faire du BMX ?

Matthias Dandois : (rires) Ouais, ça me ferait plaisir. J’aime vraiment bien la photo et j’ai commencé à capter à peu près à capter comment ça marcher, donc c’est cool. En plus j’ai tout le temps des beaux paysages devant moi !

Frühstück : D’ailleurs ? L’après BMX, tu y pense ?

Matthias Dandois : Je sais que quand j’aurais plus le niveau d’être pro rider, j’aurais pas envie de rester dans l’industrie, genre l’ancien pro rider un peu pété qui essaie de gratter un peu. Du coup je ferais un truc complètement différent du BMX.

Frühstück : Genre quoi ?

Matthias Dandois : Cuisinier ou un truc comme ça ! (rires)

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Frühstück : Du coup, c’est quoi tes projets pour les prochains temps ?

Matthias Dandois : Le weekend prochain y a le FISE à Montpellier avec la première manche du championnat du monde en flat. Après j’ai un beau projet vidéo avec Red Bull et Hadrien Picard, pendant 10 mois. Que du bon !

Frühstück  Bon et sinon, qu’est-ce que tu écoutes quand tu roule ?

Matthias Dandois : Un peu de tout ! Je change vraiment tout le temps de son. En ce moment c’est la dernière compil de Maison Kitsuné

Frühstück : T’as un son en particulier que tu te mets pour te booster une manche contest ?

Matthias Dandois : La Femme – « Sur la Planche »

Frühstück : Tu connais un peu l’Alsace ? T’étais déjà venu à Strasbourg ?

Matthias Dandois : Pas du tout, j’étais jamais venu. Ça y est, je suis dépucelé de Strasbourg !

Frühstück : Et la question bonus : tu prends quoi pour ton petit dej ?

Matthias Dandois : Déjà, un gros café. Et comme je suis bien français : pain au chocolat, tartines, et c’est parti pour la journée !

Le teaser du film issu du fameux road-trip en Californie vient de sortir aujourd’hui. On ne pouvait finir cet article avec une meilleure conclusion. Enjoy !

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Interview : @Arnobody & Rutsch Zone Photos: ©Sosh, sauf mention

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